NUÉE D’OISEAUX BLANCS
Yasunari Kawabata
première édition 1960 (v.o. 1958)
Traduit du japonais par Armel Guerne et Bunkichi Fujimori
Prix Nobel de littérature 1968
Mon Kawabata favori jusqu’ici était Pays de Neige. Mais voilà que je ne sais plus si mon cœur n’aurait succombé davantage pour cette Nuée d’Oiseaux Blancs. Assise dans le métro parisien je me plongeais dans cet univers de douceur et de sensualité exquise et constatais que rien n’est plus fort que la profondeur d’un écrit pour nous arracher au monde qui nous entoure, nous donner tant les ailes que la légèreté de l’oiseau et nous inscrire pourtant dans la réalité, avec force. Car ce Kawabata-ci traite aussi bien du thé que de l’amour, de la fugacité des moments que de la sagacité des destins. L’amour et la cruauté s’entremêlent. La beauté et le funeste s’embellissent mutuellement. Au fil du récit le lecteur s’abandonne à l’art de l’écrivain et se laisse bercer par les vagues poétiques de sa plume. Suite à l’enterrement de son père, le narrateur se replonge dans le passé. Il se fond alors dans l’univers sexuel et amoureux de ce père décédé, et succombe aux charmes de ses amantes. Le contraste est frappant entre l’infinie beauté et l’insolente laideur mais la frontière entre le mal et le bien aussi ténue que celle départageant la félicité du tragique.
Signalons que les éditions Sillage ont réédité ce livre en 2009.