Pensées nées de mes lectures de mai 2013
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !
Vous l’avez reconnu, c’est Charles Baudelaire qui parle de voyage.
Sa vision du voyageur m’a transportée. M’est revenu alors en tête ce proverbe chinois que j’aimerais partager avec vous : « le vrai voyageur ne sait pas où il va ».
Car c’est bien cela que j’eus le sentiment de lire et relire ce mois-ci au travers de chacune des pages de chacun des livres qui m’offrirent leur tapis volant et m’emportèrent vers de lointains horizons, inspirations de l’écrivain.
La lecture est une invitation au voyage, nous le savons bien. Malgré tout certains textes traitent davantage d’espace et de liberté. En Sibérie ou au Groenland, dans un petit village mexicain, un quartier en zone urbaine japonaise, ou dans l’enceinte d’un navire l’échappée belle n’est logée nulle part ailleurs que dans le coeur du personnage, qui toujours cherchera son affranchissement.
Que de farouches volontés n’aurais-je pas lues en mai.
Que de tendres émotions n’aurais-je pas perçues en ce mois en gruyère…
Et pourtant il est tout autant question de vastes espaces que de « maison » dans ces récits.
Qu’est-ce donc qu’une maison, si ce n’est le lieu qui ouvre la porte à la liberté de chacun, liberté d’être soi, de respecter sa différence et de s’épanouir en ses particularités.
Je terminerai donc en vous susurrant à l’oreille un autre proverbe chinois :
« Le sage a beau voyager,
il ne change pas de demeure. »
Je vous laisse rencontrer à votre tour ces personnages à l’âme voyageur :
- Smilla et l’amour de la neige de Peter Høeg,
- L’Herbe des nuits de Patrick Modiano,
- Le chat qui venait du ciel de Takashi Hiraide,
- Le Temps qui va, le temps qui vient de Hiromi Kawakami,
- The Empty Family de Colm Toíbin,
- El último lector de David Toscana,
- The Whispering Muse de Sjón,
- Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson