Pensées nées de mes lectures de juin 2013
J’ai quelque peu du mal ce matin à dessiner sur ma feuille le bouquet destiné à réunir en une thématique commune mes lectures du mois. Le début de ce mois de juin me paraît si loin déjà, les livres que j’ai lus si éloignés les uns des autres. Non pas que j’eusse lu davantage que les mois précédents, mais n’aurais-je pas beaucoup vécu en ce mois de juin ?!… Vécu dans la grande lenteur qui me caractérise désormais, cette lenteur si obsolète qui allonge le temps en le sortant des tics et des tacs de l’horloge. Telle une longue marche qui oublie jusqu’au mouvement même des pas qui s’y déroulent…
Ce n’est pas pur hasard s’il m’est arrivé entre les mains un roman contant la longue traversée à pied de l’Angleterre, effectuée par un homme qui au départ de son chemin ne savait pas qu’il s’engageait pour une telle aventure.
L’aventure humaine nous la traversons toujours seuls ; mais jamais sans les autres. Car qui témoignerait alors de notre chemin, qui nous raconterait l’histoire de nos parcours. Parcours mal empruntés, histoires mal racontées, nous invitant à corriger les erreurs et reprendre parfois les récits qui en découlent… N’est-ce pas ainsi que nous poursuivons et renouvelons sans cesse nos équipées et entreprises ?!
Ne vit-on pas toujours la même chose, me suis-je demandé ce mois-ci ?! Une même histoire explorée toujours et encore, mais sous des formes différentes.
Il me semble que oui. Sous l’effet de cet éternel recommencement et de ses mille répétitions le monde se recrée, les villes évoluent, l’étrangeté de la vie et du monde se rénove. Un auteur que j’ai découvert ce mois-ci, Alexandre Lacroix, se promène dans Paris. De sa promenade investie de curiosité et d’intimité quasi amoureuse il nous rapporte une parcelle de l’Histoire de la ville, une autre de celle de la Littérature et des cheminements humains qui l’auront transformée de siècle en siècle. La ville change, son essence se parfait, et l’homme s’y attache et s’en détache alternativement.
La chose intéressante est que chacune des boucles parcourues a beau nous épuiser, nous assommer, nous étonner ou nous ennuyer, nous n’en serons pas moins enchantés à chaque fois de découvrir comme notre confiance aura grandie, comme notre capacité de vision de la beauté aura décuplé.
Nous sommes des extra-terrestres très étrangers à la vie et aux surprises qu’elle nous réserve mais nous nous laissons apprivoiser malgré tout. Cela je l’ai humé dans le très beau livre de Mark Haddon – Le Bizarre Incident du Chien pendant la Nuit – qui, à ma grande surprise est publié en France dans une édition « jeunesse » ! La jeunesse est de plus en plus adulte de nos jours, il est temps que nous adultes nous fassions très enfants peut-être !
Tu me parles du fond d’un rêve
Comme une âme parle aux vivants.
Comme l’écume de la grève,
Ta robe flotte dans les vents.
Je suis l’algue des flots sans nombre,
Le captif du destin vainqueur ;
Je suis celui que toute l’ombre
Couvre sans éteindre son coeur.
V. Hugo – Les Contemplations « À celle qui est voilée »
Les livres qui furent les sources d’inspiration de ces pensées :
- Foe de J-M. Coetzee,
- L’énigme du clou chinois de Robert Van Gullik,
- Grand-père avait un éléphant de Vaikom Muhammad Basheer
- La lettre qui devait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi de Rachel Joyce
- Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon
- Profanes de Jeanne Benameur
- Voyage au centre de Paris d’Alexandre Lacroix