VERTES COLLINES D’AFRIQUE
(Green Hills of Africa)
Ernest Hemingway
Éd. Gallimard , 1937 (v.o. 1935)
Traduit de l’anglais par Jeanine Delpech
Âme sensible et gagnée par les causes écologiques modernes du respect de la nature et des animaux, j’aurais en temps normal décampé face à deux cent pages de chasse décrite avec force détails et gros plans réguliers. Par erreur j’achetai ce livre, prise d’un désir subit de lire du Hemingway. En réalité ma main et mon sens caché ont parfaitement bien flairé cet écrit qui se rapproche fort de mon Hemingway préféré « Le jour se lève aussi ». La vie d’un écrivain peut avoir ses piments propres, ici la chasse, dans « Le jour se lève aussi » la tauromachie. Il va sans dire que le piment offre des montées d’adrénaline ponctuelles ; le reste du temps, la vie se compose de vivre, illustré par ces apéritifs partagés avec amis ou passants, ici avant de déguster la capture du jour, là pour fêter les folies de Pampelune à San Fermin. Cela qui m’avait été particulièrement savoureux dans « Le jour se lève aussi » – le virtuose des dialogues, dotés d’esprit et de tranchant – le retrouvai quelque peu ici. Le bonheur dans l’intensité du moment, la colère, l’envie, l’impatience, l’amitié et l’amour, la beauté de la nature sauvage, tout cela emplit ces pages et leur donne l’amplitude nécessaire à un récit dénué d’histoire. L’art de l’écrivain seul nous attache à la lecture de ces pages tout comme leur écriture a dû maintenir, aussi longtemps que possible, le goût de vivre chez Hemingway.