Bien oui, désormais je ne manque pas de lire tout nouvel Hubert Haddad qui se publie. Mais en l’occurrence c’est mon amour du Japon qui cherchait à s’assouvir par la découverte de ce Peintre d’éventail. Et je n’en fus pas déçue. Et pourtant. J’ai un peu pataugé dans la semoule au départ. Trois générations de maîtres et disciples se succèdent dans ce bref récit et j’eus quelque mal à délier ces personnages, les uns des autres. Tous trois semblent cheminer sur les traces invisibles d’un même destin : devenir des jardiniers zen, et peintres calligraphes. Puisque nous sommes au Japon, tout naturellement le jardin reflète le monde, et sous la plume raffinée de Hubert Haddad une série d’éventails viendra refléter à son tour le jardin. La complétude de l’un soutient la stabilité de l’autre et le micro et le macro s’entrelacent pour s’épouser et se parfaire. L’esthétique participe au sens même de l’univers et dans ce livre tout parle de beauté et d’amour, qu’elle fût sensuelle, artistique ou générationnelle. Jusque là, le livre se lit. Et puis subitement tout bascule, et c’est alors que le lecteur est transcendé. La catastrophe, la disparition d’un monde doux et flottant dans sa constance nous éveille et nous enivre. Secouée comme le cocotier, je vibrai subitement d’un attrait incontrôlable pour ce récit !
Retrouvez Hubert Haddad au travers de deux autres de ses romans, commentés ici par Kimamori : Mā et Opium Poppy.
LE PEINTRE D’ÉVENTAIL
Hubert Haddad
Éd. Zulma, 2013