Puisque j’avais tant apprécié « le Terroriste Noir » de cet écrivain, à priori je ne pouvais qu’être agréablement surprise par ce titre-ci qui a remporté le prix Renaudot à sa sortie. Nous pouvons signaler, d’ailleurs, qu’il est déjà traduit en diverses langues étrangères au nombre desquels le japonais ! Car oui, j’ai aimé cheminer aux côtés de cet Aimé Olivier de Sanderval qui, fin XIXème siècle, fut pris du désir de conquérir le Fouta-Djalon et d’y établir un royaume en son nom ! La démesure tant du personnage que de son rêve font du récit un simili conte et pourtant l’histoire est vraie et trace de surcroît l’aventure non moins rocambolesque de la colonisation française de la Guinée.
Je me suis laissé happer par cette lecture car il était plus que passionnant de faire la connaissance du peuple Peul au travers de la plume de Tierno Monénembo. Ces princes Peuls, férus de rivalité, sont beaux et charmants, séducteurs et fourbes. Pour un blanc ils sont parfaitement imprévisibles et d’ailleurs ils ne traitent qu’entre Peuls. Les blancs de leur côté ne respectent que le blanc, et pourtant les rivalités entre politiciens et diplomates français vont bon train et n’ont rien à envier à leurs lointains voisins Peuls. Sanderval se fera donc Peul et pénétrera le cœur de ce peuple, pour s’en trouver marqué à son tour. Au final pourtant l’homme blanc colonisera la région convoitée, les traditions locales succomberont, et l’on se demande si Sanderval n’aura pas été un cheval de Troie malgré lui… L’écrivain ne se prononce pas sur ses positions et dépeint objectivement les cultures respectives dont il est question. Et pourtant, la fin du récit nous laisse perplexe, nous ayant subrepticement imbibé d’amertume mélancolique.
LE ROI DE KAHEL
Tierno Monénembo
Ed. du Seuil, 2008
Prix Renaudot 2008