Je ne sais pas si vous aviez lu Soie d’Alessandro Baricco, ou Neige de Maxence Fermine. Ces livres datent un peu et sont pourtant intemporels et universels. Eh bien, ce premier roman de Jean-Marc Céci m’a fait penser à ces monuments. Nous avons là des écrivains occidentaux qui ont été touchés par la grâce d’une Asie, d’un Japon qu’ils esquissent à leur tour dans la finesse, le raffinement, l’économie de mots… Il n’est pas besoin d’employer un grand nombre de mots pour obtenir une histoire, simple et belle qui contient le sens d’une vie, de toute vie peut-être, et qui respecte sa part énigmatique… C’est l’art de déplier la vie, la lire, après s’être évertué longuement et soigneusement à la décrypter. C’est de cet art que nous entretient le roman. Il se nomme, à juste titre, « Monsieur Origami ». Je vous en parle aujourd’hui parce qu’il vient de sortir en version poche.
Plusieurs images reviennent régulièrement dans le récit, celle notamment d’un homme assis en posture de méditation face à un papier qui semble froissé mais ne l’est pas. Et ces images illustrent les boucles de la vie.
Un homme quitte son Japon natal. Il part à la recherche d’une femme italienne croisée chez lui. Il ne quittera plus l’Italie. Bien des années après un jeune homme arrive. Il est accueilli chez cet homme japonais que tout le monde désigne comme Monsieur Origami. De la rencontre des deux une transformation prend forme, et nous apprendrons progressivement l’histoire de chacun de ces hommes. Nous apprendrons aussi l’origine de la légende des mille grues, où la croyance acquise veut que celui qui aura plié mille grues de papier verra son voeu exaucé.
MONSIEUR ORIGAMI
Jean-Marc Ceci
Editions Gallimard, 2016
L’origami présenté a été plié par Zhanna Krivich.