Je vous invite à devenir, comme moi, fan de Sébastien Ayreault, écrivain, chanteur-musicien, photographe et surtout poète de la vie qui jamais ne donne dans le lyrisme ! Il y a quelque temps je vous parlais de son premier roman « Loin du monde » qui a rencontré un grand succès. Voici donc la suite avec « Sous les toits ».
Je ne saurais dire lequel de ces deux livres j’ai préféré. Mais lire « Sous les toits », aujourd’hui, m’a fait un bien fou tant il a su me sortir des sentiers battus, me dépayser de tous ces livres, bons ou mauvais, que je lis jour après jour. Ce récit illustre une réalité nouvelle, celle de notre monde actuel, celle d’un avenir qui se trace et se devine, celle d’hommes et de femmes qui vont chercher, et trouver peut-être, une forme de liberté, nouvelle. Et justement, le style de Sébastien Ayreault illustre cette liberté et continue de nous surprendre.
Le narrateur, David Serre, fils d’ouvrier « monte » à Paris. Il y goûte plaisirs et désillusions, avant de faire une rencontre fatale, celle des livres.
« Mon impatience à moi, c’était d’en finir avec cette usine, en finir avec ce réveil à 5 heures du mat’, la découpeuse, les cinglés, l’autre avec sa Vierge en médaillon. J’avais du boulot, putain ! Devenir écrivain, c’était ça mon boulot. Et je n’avais pas une minute à perdre. »
Naturellement pour faire suite à cette passion du lire et de l’écrire, une autre rencontre, non moins fatale, surviendra, celle de l’amour où l’on se perd, où l’on chavire et d’où l’on finit par s’évader un temps… afin d’apprendre à Aimer un jour futur.
« Elle s’est installée à ma table. Elle avait un joli visage, quelque chose de doux au fond des yeux, quelque chose qui vous donnait confiance ».
C’est tout. Rien d’autre ne sera dit au sujet de l’Amour. Parce que la vie, elle, éclabousse, vous emporte dans ses vagues, vous plonge dans un tourbillon de tsunami et cela Sébastien Ayreault en parle à merveilles toujours de ses mots brusques, rapides, relevés, et si vrais avant tout, l’humour embusqué à chaque détour. Si « Loin du monde » était mentholé-acidulé, « Sous les toits » serait plutôt épicé avec un arrière goût de cassis qui tache les mains ! Car non, il ne faut pas chercher à comprendre ce qui fait la magie de cette plume libre et talentueuse, s’en abreuver est déjà amplement suffisant…
« – Je m’en fous, elle a dit. Baisons.
On a baisé.
Quelque chose de sauvage. Quelque chose en rapport avec les dix-neuf pages que je lui avais écrites et qu’elle avait lues et relues tout le week-end. Être écrivain. Faire déborder la vie du bocal. »
Si je m’écoutais je continuerais de partager avec vous bien d’autres mots, d’autres phrases, des paragraphes entiers qui se crachent à la gueule du lecteur et qui, dans cet espace invisible séparant les mots à l’horizontal et l’imaginaire de ce lecteur que nous sommes, se transforment en pétales, en étincelles de couleurs, en arc-en-ciel… mais naturellement je n’en ferai rien !
SOUS LES TOITS
Sébastien Ayreault
éd. Au diable vauvert, 2014
La photographie noir et blanc est Splash / Salvador San Vicente ©.