Continuer, de Laurent Mauvignier

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C’est étrange que ce livre se nomme Continuer, parce qu’en réalité le projet est plutôt celui de Rompre. Rompre avec un quotidien inutile, rompre avec un soi assombri, perverti et souffrant, rompre avec une vie qui s’est détaché de l’essentiel…

L’histoire est simple, le fil narratif aisé et plaisant à suivre. Peu de personnages peuplent le récit et rien n’est jamais de trop, car ce sont les rapports humains qui sont sur le devant de la scène, l’enjeu étant de rétablir une communication perdue et de retrouver la dignité.

Une mère fatiguée et traversant une semi-dépression découvre que son fils adolescent vient de commettre une faute grave, un délit répressible par la loi et simplement abjecte. La séparation avec son mari est encore fraîche et très vite elle comprend qu’elle ne peut pas compter sur son aide pour traverser cette phase difficile de remise sur selle de leur enfant.

Elle a en commun avec son fils la passion du sport équestre, elle décide de s’appuyer sur cela et de l’emmener dans un ailleurs qui lui permettra peut-être de se reconstruire. Elle va tout quitter, sacrifier ses maigres économies et le seul héritage dont elle dispose pour faire un voyage avec son fils, au Kirghistan, et traverser le pays à cheval.

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Dès lors nous sommes plongés dans les paysages de la steppe, avec sa beauté et ses dangers. A leur côté nous apprendrons à connaître ce peuple, très autre dans sa culture, mais très universel dans ses valeurs, authentiques, qui ne sont plus si courantes en occident. Mais bien entendu la vie n’est pas un long fleuve tranquille, ni ici ni ailleurs, et nos protagonistes vivront rebondissements, drame et transformation profonde.

Le récit est tiré d’un fait divers réel. Et Laurent Mauvignier a réussi l’exploit de nous faire découvrir et aimer une région où il n’a lui-même jamais mis les pieds ! Il parvient à « habiter » une narratrice femme en rendant parfaitement les émotions et les modes de fonctionnement d’une femme. La mère, la femme, l’adolescent perdu, le garçon et l’homme naissant sont autant d’archétypes qui sont joliment traités et rendus. Toujours avec finesse et fluidité. Le livre se lit bien et nous offre quelque chose de beau : l’espoir dans sa forme la plus simple et triviale.

 

CONTINUER
Laurent Mauvignier
Éditions de Minuit, 2016
Livre audio lu par Denis Podalydès

Je remercie Emmanuelle Dutilly pour les photos présentées dans cet article.

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