Tout doucement je poursuis mon chemin parmi les écrivains nordiques. La « suite » de ce livre est déjà traduite et publiée en France sous le nom de « Le caveau de famille », dès lors je n’ai pu savourer le petit peu de suspense que la fin de ce « tome »-ci eût pu contenir. Je n’en suis pas moins ravie d’avoir lu et découvert Katarina Mazetti. Le livre est tout plein d’humour et de vérité synchrones, merveilleusement cadencées et savamment dosées.
Deux êtres qui n’ont strictement rien en commun peuvent-ils être attirés l’un vers l’autre ; peuvent-ils, surtout, envisager une vie commune ? Elle, est une intellectuelle, bibliothécaire éprise de culture et habituée au « bon goût ». Lui est agriculteur, propriétaire d’un élevage de vaches laitières et raffolant de la vivacité qu’une citadine qualifierait de « mauvais goût » ! Le bon sens et l’intelligence vraie, pourtant, se contrefichent de ces registres classifiés sous les dénominations de « cultivé » et « bon goût ». Sans oublier que ces deux êtres vont se rencontrer au cimetière, chacun sur la tombe de celui/celle qui fut leur plus proche compagnon de vie : l’époux de l’une, la mère de l’autre.
Le récit m’a paru calqué sur le climat annuel suédois : partagé entre la lumière et la pénombre. Tant l’humour et la clarté nous cueillent dans la première moitié, tant une forme de déprime nous envahit dans la deuxième moitié. Et pour finir : mystère et boule de gomme, roman feuilleton s’annonce gentiment. Mais le livre pose des questions primordiales traitées avec lucidité. Sont explorés le sens d’une vie de couple, le rôle de la femme, l’espace que comble un homme… Et puis, le clivage entre la vie citadine et celle rurale, car il ne faut pas oublier que le retour à la nature qui fait tant rêver l’occidental moderne, peut être rude et riche de mille contraintes !
LE MEC DE LA TOMBE D’À CÔTÊ
Katarina Mazetti
Éd. Actes Sud, 2009 (v.o. 1999)
Traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus
Pour votre information, ce livre existe en livre audio et il est très joliment lu. Katarina Mazetti a également écrit une suite à ce récit, que je n’ai pas encore lu, raison pour laquelle je ne vous en ai pas parlé dans ces pages…
Tous ceux qui aiment le thème de l’opposition entre la vie citadine et celle rurale, seront heureux de lire ce livre, tout comme « La lettre à Helga » de Bergsveinn Birgisson et « Les huit montagnes » de Paolo Cognetti.