Savourons la perte

J’avais conseillé à certains d’entre vous « Les vestiges du jour » de ce même écrivain qui avait remporté le prestigieux prix littéraire Man Booker Prize en 1989. Et si vous ne l’avez pas lu je vous invite toujours, vivement, à le lire. Néanmoins, vous pourriez commencer par lire ce titre-ci (ou son roman le plus récent, Le géant enfoui, paru en 2015). Kazuo Ishiguro est à mon sens un écrivain qu’il serait affreusement dommage de ne pas connaitre.

Notons que le Prix Nobel de Littérature 2017 a été décerné à Kazuo Ishiguro.

Que puis-je vous dire de ce « Never let me go » sans diminuer l’expérience de lecture que ce livre propose. Dès la première page il est deux mots que le lecteur ne comprend pas…. Et il lui faudra une bonne centaine de pages avant de saisir le sens de ces mots et percevoir alors le drame latent. Ce livre peut tant être qualifié de science fiction que de drame psychologique. La narratrice parcourt son histoire personnelle en commençant par les années où elle a grandi dans une institution qui pourrait s’apparenter à un orphelinat. Son attachement à la jeune fille torturée qui sera sa meilleure amie, la douceur de la personnalité de son meilleur ami et leur évolution à tous trois sont contés de façon poignante. Et puis progressivement nous en arrivons à la situation présente et la tragédie qu’elle renferme.

Je n’ai versé aucune larme cependant que je lisais le livre (cela m’arrive parfois dans mes lectures), mais le parfum mélancolique attaché à chaque mot, chaque phrase, chaque page et chapitre n’en est pas moins bouleversant. Sous couvert de cette histoire fictive (et science fictive !), il me semble que l’écrivain s’épanche sur un monde et une époque à jamais révolus. C’était déjà le cas dans « Les vestiges du jour » mais ici c’est encore plus douloureux, plus déchirant. Un très beau livre né sous la plume d’un grand écrivain.

Le livre a été adapté et porté sur grand écran, mais comme souvent, avoir vu le film ne nous apprend rien sur la beauté du livre…

Never let me go

AUPRÈS DE MOI TOUJOURS
(Never let me go)
Kazuo Ishiguro
Éd. Des Deux Terres, 2006 (v.o. 2005)
Traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch

L’illustration présentée dans l’article est l’oeuvre d’Alexander Exter.

 

 

 

 

 

L’illustration présentée est l’oeuvre d’Alexander Exter

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