Hormis Octavio Paz et Carlos Fuentes, connaissons-nous la littérature mexicaine – classique ou contemporaine ? Les éditions Zulma nous offrent de découvrir l’écrivain mexicain David Toscana, et, signalons à cette occasion que cette merveilleuse maison d’édition a lancé sa propre collection poche. Les couvertures typiques et aisément reconnaissables ornent cette fois les volumes de poche plus modestes et ce titre aura été un des premiers édités sous ce nouveau format. Je vais commencer par dire que j’ai aimé ; et enchaîner en disant que c’est un drôle de roman !
Tout comme dans « Entre ciel et terre » de Jón Kalman Stefanssón et « Le vieux qui lisait des romans d’amour » de Luis Sepulveda nous sommes dans un village où le lecteur est chose rare pour ne pas dire inexistante. Dès lors Lucio le bibliothécaire est nécessairement un personnage extravagant. Sa maison fait office de bibliothèque et il a réservé une de ses pièces au supplice des livres qu’il répertorie comme mauvais. Régulièrement il envoie de nouveaux titres en enfer, dans cette chambre close occupée par les cafards et les fourmis. Naturellement il est des livres qui obtiennent sa clémence, celles-là même qui sont pour lui des guides de la vie, des voies menant à la compréhension de toutes choses et tous événements. Il se commet un crime dans son village ? Quoi de plus simple que de résoudre les énigmes en cherchant les clefs dans ces romans fétiches… Se pose alors la grande question « mais lire, est-ce réellement vivre ? » ; et vivre sans lire est-ce encore vivre ? Humour et atmosphère singuliers jalonnent le récit. Un traité sur la lecture, qui eût certainement plu au rat de bibliothèque Firmin de Sam Savage.
EL ÚLTIMO LECTOR
David Toscana
Éd. Zulma poche, 2013 (v.o. 2005)
Traduit de l’espagnol par François-Michel Durazzo