J’avais lu ce livre à l’époque de sa première parution, et puis je l’ai relu quelques dix années plus tard. Eh oui, en 2011 Makine aura été une de mes grandes rencontres : je lis ou relis toute sons œuvre !
Le récit cadre ici est identique (bien que largement moins développé) à celui de « La vie d’un homme inconnu » : le narrateur rencontre un homme plus âgé que lui. Il lui fera le récit de sa vie. Et l’on découvre ainsi l’histoire de ce pianiste qui change d’identité afin d’échapper aux camps staliniens. Transformé en soldat, il fait la guerre puis devient le chauffeur d’un haut gradé. Contre toute attente il se trouvera malgré tout de nouveau en contact avec un piano, celui de la jeune Stella, la fille de son supérieur hiérarchique.
Une vie qui a perdu sa musique peut-elle encore présenter une quelconque saveur ? Comment se résout-on à traverser les jours ainsi, vivant mais si peu en vie puisque dans la peau d’un autre ? En moins de cent cinquante pages la frontière entre le réel et le fictif se consume pour ne laisser place qu’à l’abasourdissement. Très beau récit.
LA MUSIQUE D’UNE VIE
Andrei Makine
Éd. du Seuil, 2001