C’est très étonnant que ce livre ne soit pas encore traduit en français, surtout avec l’intérêt que lecteurs portent au fantastique inspiré de sciences. Il a d’ailleurs été adapté en film d’animation en 2006, sous le même titre : Paprika. J’ai pu lire les livres de cet écrivain parce qu’il est traduit et largement lu en anglais. Rebondissements de thriller psychologique et aventures scientifiques hallucinantes forment ce roman au rythme soutenu et à l’imaginaire fécond. Le récit parvient à briser la frontière entre rêve et réalité ouvrant à ses personnages la passerelle qui mène de l’un à l’autre, aller et retour ! Dès lors non seulement le rêve et ses apparitions légendaires sont importés dans la réalité, mais de surcroît la détective des rêves dont l’avatar est Paprika sait agir sur la réalité au travers des rêves…
Reprenons depuis le début. Le Prix Nobel de Physiologie-Médicine est en passe d’être remis à deux chercheurs de l’Institut des Recherches Psychiatriques. Ils ont conçu et développé un casque, puis une puce permettant de se transporter dans le rêve d’un tiers. Atsuko Chiba, l’un de ces deux chercheurs traite ses patients, sujets à dépressions ou névroses, depuis plusieurs années grâce à cette méthode et pour ce faire elle se transforme en Paprika, détective des rêves. Or les puces géniales vont être volées et utilisées pour transmettre la schizophrénie… Le combat entre rêves et réalité s’engage alors, et le terrain des affrontements, les formes des personnages et leurs tactiques n’ont plus de limites autre que ceux de l’imaginaire et des instruments de la peur.
J’avais déjà été séduite et intriguée par la métafiction de Yasutaka Tsutsui déliée dans The Maid, mais ici c’est le cœur palpitant et l’esprit magnétisé que j’ai dégusté son offrande à vitesse grand V. Plus que jamais ce livre me semble être d’actualité. Les réseaux sociaux et les produits de l’internet n’ont-ils pas déjà pour effet de rapprocher leur utilisateurs dans un univers imaginaire ?….
PAPRIKA
Yasutaka Tsutsui
éd. Vintage Random House 2009 (v.o. 1993)
traduit du japonais vers l’anglais par Andrew Driver