Les Éphémères, d’Andrew O’Hagan

« Les lumières et les souvenirs se mélangeaient avec tous ces gens au balcon qui souriaient et quelque part dans la musique on entendait chanter Grace Jones et les accords d'une guitare hérissée de pointes, et nom de Dieu j'étais défoncé et heureux comme jamais. (...) Tous ces gens, tous ces instants, la moindre pensée qui captait la lumière, et le rythme qui disait oui, les gens qui disaient oui, et le temps qui disparaissait... »

Il peut nous arriver d'être passé totalement à côté d'un grand écrivain. Puis un beau jour un de ses livres nous arrive entre les mains, on le découvre pour la toute première fois, ébahi et surpris car l'auteur en question écrit depuis des décennies. Les Éphémères de l'écrivain écossais Andrew O'Hagan, paru en cette rentrée littéraire 2024 dans sa traduction française aura été une telle révélation pour nous. Drôle, rythmé, jalonné de références musicales et cinématographiques, il n'en est pas moins tendre et au final, poignant.

Le roman est découpé en deux parties. La première se déroule durant l'été 1986, la deuxième à l'automne 2017. Les deux personnages centraux sont là, tant en 1986 qu'en 2017, Jimmy et Tully, d'abord côtoyés dans l'ivresse de la jeunesse puis à l'âge adulte, cette fois établis et mûrs. Nous les suivrons dans un périple haletant et nous étourdirons joyeusement de leurs frasques durant les quelques journées mythiques qu'ils auront vécus au festival de musique de Manchester. Puis nous nous laisserons émouvoir et émerveiller de l'immense marque d'amitié indéfectible qui les lie, cette fois accablés par un drame insoluble. D'autres personnages sont là à chaque étape pour rehausser les saveurs et parfums des épopées fabuleuses de notre duo. Ils partent avec une bande de copains à Manchester, tous issus de la classe ouvrière. Mais attention, ils ont le génie du dialogue enlevé, l'érudition innocente des grands lecteurs cinéphiles et musicophiles, doublé de l'art de la situation hilarante. Tous ces gars formidables bien-sûr, nous les retrouverons dans la deuxième partie. Cette fois l'essentiel se dessine dans une relation unissant deux couples, partenaires merveilleusement bien assortis. Ces quatre là se soutiendront coûte que coûte pour faire honneur à l'amitié et au respect.

Il est impossible de vous en dire plus au risque de divulgâcher et nous faire impardonnables. Mais une chose est certaine, le récit, vivant et finement tissé, donne le vertige, par sa puissance et par l'excellence de son traitement du temps, fameux facteur que tout écrivain cherche éperdument à maîtriser, à savoir tendre et détendre au fil de son récit. Les Éphémères vous offrira un immense bonheur de lecture.
Saluons aussi la traductrice qui est parvenue à rendre la saveur exquise de ce roman avec fidélité et naturel.

LES ÉPHÉMÈRES
(Mayflies)
Andrew O'Hagan
Traduit de l'anglais (Écosse) par Céline Schwaller

éd. Métailié 2024

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

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