Il ne s’agit pas d’être différent, il s’agit d’être soi. Il ne s’agit pas d’être soi, il s’agit de découvrir que l’on a hérité d’un soi. Oui, mes premiers mots pour parler de ce livre sont mystérieux mais ce n’est pas étonnant puisque l’on est dans Accabadora. Très loin d’un abracadabra la note jouée par Michela Murgia est une tragédie, celle d’avoir à transmettre un don, une mission, une responsabilité lourde à porter.
Le vêtement de la mort s’endosse par tous mais qui donc aimerait l’offrir ? Avec amour, c’est l’Accabadora qui sait faire cela. Et cet amour s’apprend parce qu’il est grand, parce qu’il est inconditionnel. Cela relève du miracle de savoir écrire un roman qui pourrait nous dire le comment de cet amour. Oui, Michela Murgia a mis au monde un récit d’amour simple comme bonjour, écoeurant comme la beauté de la vie elle-même…
La petite Marie devient la fille adoptive de l’Accabadora du village. Mais nul dans le village n’a jamais parlé de l’Accabadora, alors comment savoir que l’on a une mère adoptive qui sort de l’ordinaire. Et une vie ne sera pas de trop pour éclairer Marie sur le sens du proverbe « Ne dis pas ‘Fontaine je ne boirai pas de ton eau’ ».
J’avais lu « La guerre des saints » de Michela Murgia qui m’avait bien touché. Mais bien avant cela déjà j’avais dans mes petites tablettes le titre de ce livre-ci. Sa saveur est douce, aussi intimiste que les livres de Milena Agus, aussi secrète et lointaine. Cela vient-il de l’origine Sarde de ces deux dames, et d’un étrange souffle qui régnerait sur leur île ?…
ACCABADORA
Michela Murgia
éd. du Seuil, 2011 (v.o. 2009)
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer