Peter Stamm est un écrivain de l’intime, de l’invisible et de l’indicible. La chose qui relie deux êtres ou qui les éloigne, cela l’intéresse. Quelle est la substance qui caractérise un homme, une femme, et permettrait de prédire leurs actes, leurs choix… Il explore ces questions et ces univers de l’infime qui frôlent pourtant l’essentiel ! L’Un L’Autre est un parfait exemple de son oeuvre.
Nous sommes en Suisse. Une famille charmante et ordinaire rentre de vacances. Tout va bien et ils sont heureux. Ils mènent une vie paisible, classique. Et ce soir-là, pendant que l’épouse défait les valises et couche les enfants le mari sort prendre l’air. Il s’engage dans la rue, descend la rue, pousse plus loin, et un peu plus loin, et encore un peu plus loin. Le lendemain son épouse se rend compte que son mari n’est pas là. Il a disparu de leur vie.
La narration passe de l’un à l’autre. Nous passons un chapitre auprès de l’époux, qui s’est engagé dans les sentiers de forêt et de montagne, puis nous sommes aux côtés de l’épouse qui tente de maîtriser son quotidien et savoir comment réagir. Et ça continue comme cela.
Peter Stamm ne nous explique pas. Un peu comme dans la vie, on ne comprend pas, jusqu’au jour où l’on comprend. En s’éloignant d’une personne, d’une situation, petit à petit on se souvient de ce qui était à l’origine de cette situation, de la rencontre avec cette personne, de la relation qui s’est établie, de ce qu’elle représente. Avec simplicité et sans mensonges Peter Stamm nous dit cette histoire-là. Et c’est joli.
L’UN L’AUTRE
(Weit über das Land)
Peter Stamm
Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses
Editions Christian Bourgois, 2017 (v.o. 2016)
L’illustration présentée est l’ouvre de Hachiro Kanno.