« Tout était faux. On savait que tout était faux, mais tout le monde ajoutait des mensonges aux mensonges, jusqu'à ce que plus personne ne puisse dire où ils commençaient et où ils finissaient. Toute cette vie n'avait été que faux-semblants, chacun jouant un rôle comme un enfant. Même à l'Amour, ils avaient joué à la torture et au meurtre, sachant pertinemment que ce n'était qu'une représentation. »
Comme sa couverture l'indique, l'écrivaine nous offre une réécriture du 1984 de George Orwell. À la différence que l'histoire est composée au féminin : si Winston Smith continue d'être un personnage central, Julia en est le personnage principal. Nous sommes avec elle une année durant, période clé dans sa vie mais également pour le système en place. Système totalitaire où tous sont sous surveillance constante, où la novlangue est obligatoire, où il est exigé de tous de dénoncer son voisin, et surtout, d'abord et avant tout de haïr, de s'évertuer à apprendre à devenir haine à l'instar du slogan « la haine c'est l'amour ».
Ce roman décoiffe et l'on en sort soufflé, ébahi. Un constat lucide se forme dans l'esprit du lecteur sur la similitude des systèmes d’État dans leurs méthodes et nécessités. Mais le pire des systèmes ne peut avoir raison du cœur humain.
JULIA
(Julia)
Sandra Newman
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hélène Cohen
éd. Robert Laffont 2024
Sélection Grand Prix de littérature américaine 2024
Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.