Pire que la dystopie, un cauchemar éternel...
Le livre s'ouvre sur le récit légèrement inquiétant de la narratrice. Elle est enceinte, ne souhaite pas en parler au père, sait que les événements qui s'annoncent dans le pays sont alarmants. Malgré tout elle décide de faire le trajet pour aller à la rencontre de ses parents biologiques après avoir prévenu ses parents adoptifs. Nous ne savons rien des causes de la situation menaçante qui les attend mais comprenons assez vite que "Mother" est une figure équivalente au bien connu "Big Brother" d'Orwell. Une image toute puissante qui s'est insérée dans la vie des hommes et des femmes via les ordinateurs et smartphones. On comprend aussi que les femmes enceintes sont en danger, que la vie d'une manière générale est menacée. La narratrice a pris la décision de garder son enfant et sait qu'il lui faudra rester cachée pour ce faire. S'ensuit une longue aventure où elle sera successivement protégée, dénoncée, en fuite, dissimulée, kidnappée et ainsi de suite.
Les relations entre la jeune femme et ses deux mères, sa mère biologique et sa mère adoptive, sont merveilleusement belles, si différentes et si joliment mises en lumière. D'une manière générale, le peu d'humanité que nous côtoyons dans le livre est touchante, tout comme la solidarité qui s'instaure en cachette entre tous ceux qui ne veulent pas céder à la tyrannie de "Mother" est remarquable. La peur et la méfiance qui s'établissent, à juste titre, sont aussi affreusement bien transmises au lecteur. Mais le plus désolant est l'attitude de tous ces hommes et femmes, qui, pour sauver leur peau, vendent celle d'autrui.
Alors, non, je ne peux pas dire que cette lecture est joyeuse. Je ne sais pas si elle est délectable. Elle est prenante et elle est probablement nécessaire. Mais il est une chose qui est essentielle et qui restera inscrite en moi. A l'heure actuelle, époque où tous craignent l'explosion démographique, ce livre nous dit, Attention, continuons à aimer et à respecter la nature, à apprécier le sens de "donner vie". Car si par un effet imprévisible des dérèglements de la nature l'être humain ne pouvait plus se reproduire, nous serions autrement effrayés !
Je ne sais quand le livre sera traduit. En attendant je vais lire LaRose, déjà disponible en français, et ne manquerai pas de vous en parler.