Moisson, de Jim Crace

« Moisson » était le grand favori des lecteurs parmi les finalistes du Man Booker Prize 2013, et je pense qu’il aurait mérité d’être le lauréat. Écrivain britannique reconnu, Jim Crace a écrit une douzaine de romans. Pour ma part, c’est avec celui-ci que je l’ai découvert, et avec grand plaisir. Ce livre est sublime, bien que rugueux au prime abord.

Un petit village d’agriculteurs anglais engrange sa récolte et s’apprête à célébrer. Le soir même un feu se déclare, et ne sera que la toute première étincelle dans une série de malheurs, prêts à assombrir les horizons de ces paysans bourrus, si attachés à leur terre. En quelques jours, un monde, le leur, va s’écrouler et les actions et réactions des villageois ne feront qu’aggraver leur triste sort. Le narrateur, un « étranger » installé parmi eux depuis bien longtemps, fera preuve de lucidité tout en se laissant glacer le sang devant l’insensé qui progressivement aura gagné les uns et les autres. Il sera nos yeux et nos oreilles dans cette malheureuse aventure où nous serons bouleversés à ses côtés.

Jim Crace entrelace le rustique et le poétique dans son écriture. Le cri étouffé qui monte de la terre labourée vers la fin du récit m’a hantée jusque dans mon sommeil, tant son écho empreint de chaleur désuète était retentissant.

La voix du narrateur m’a fait penser à « Entre ciel et terre » de l’écrivain islandais Jón Kalman Stefánsson et du vaste souffle qui s’en dégage. Toujours ce même ton à l’ancienne et cette même fatalité que nous aimions déjà lire depuis longtemps dans les récits d’un John Steinbeck par exemple…

MOISSON
(Harvest)

Jim Crace
Traduit de l’anglais par Laetitia Devaux
éd. Payot-Rivages, 2016 (v.o. 2013)
Finaliste du Man Booker Prize 2013

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