Voilà qui faillit être le Goncourt 2011 et qui remporta le Renaudot. Léger et caustique, brossé telle la saga, le livre joue l’esquisse emprunté de superficiel, dans l’idée de dénoncer, peut-être, ce chemin absurde que notre XXème siècle a parcouru et son aboutissement vers l’insensé du XXIème que pourtant nul ne semble disposé à voir.
Le personnage de Limonov qui, s’il n’existait pas il faudrait inventer, sert de trame pour tracer le portrait de ces années qui nous séparent de la seconde guerre mondiale. Humour et fraîcheur voilent le drame de nos temps qui ont progressivement perdu la tête ! Le livre est très instructif en ce qu’il nous remet en mémoire l’Histoire de l’URSS puis du retour de la Russie.
Emmanuel Carrère a une plume, ce qui n’enlève rien au plaisir de cette lecture qui revêt ainsi les atours du simple divertissement cependant que les horreurs contées passent comme lettre à la poste. Qu’un personnage puisse être successivement détestable, lamentable, remarquable, admirable, ridicule selon les époques et les circonstances, cela ne nous choquera point non plus. Notre propre réaction insouciante et indifférente face à tout cela, très enclins que nous serons, souvent, à pouffer de rire devrait finalement l’être davantage ; choquante j’entends. A consommer sans modération !
Notons au passage que ce livre a été traduit et publié en anglais en 2014. Son large succès auprès des lecteurs anglophones s’est traduit notamment par le classem
ent du New York Times qui l’a retenu parmi les 100 meilleurs livres de l’année (voir ici dans la catégorie « non-fiction »).
LIMONOV
Emmanuel Carrère
Éd. P.O.L , 2011
Prix Renaudot 2011