Je n’ai pas bien compris ce livre. Peut-être parce qu’il fait un grand écart entre des pays et des contextes qui sont très éloignés les uns des autres, ou peut-être justement parce que trop de dualités y sont réunies… Le talent de l’écrivain est peut-être là, dans cet entre-deux trop vaste qui chercher à faire un trait d’union entre sujets qui à priori ne peuvent se comprendre. C’est un livre que je conseillerais, pour le mystère qu’il cherche à élucider, pour le grand point d’interrogation qu’il pose sur la question du déracinement, de l’exil, de la perte de repères.
J’ai été intriguée par son titre « Tous nos noms » qui m’a renvoyé à cet autre livre lu il y a deux ans « Il nous faut de nouveaux noms ». Tous deux écrits par des écrivains d’origine africaine, tous deux parcourant des destins qui traversent une guerre civile en Afrique et qui atterrissent aux Etats-Unis. Que veux dire ce thème du ‘nom’, changer de nom, trouver un nouveau nom, avoir plusieurs noms ?… Oui, ce livre m’a permis de saisir la chose un peu mieux. Un nom est une identité. Et de nos jours nombreux sont ceux qui cumulent plusieurs identités, chacune héritée d’un territoire côtoyé qui aura posé sa marque indélébile sans aider son dépositaire à trouver sa marque dans un nouveau territoire, avec légèreté et insouciance.
Deux narrations s’entrelacent dans ce livre. D’un côté un jeune homme qui quitte son pays d’origine, l’Éthiopie pour aller à l’université en Ouganda, de l’autre une jeune femme de services sociaux qui accueille un Ougandais dans une ville du sud des États-Unis où le racisme est encore pratiqué dans la vie quotidienne. En Afrique on suit le jeune universitaire dans son embrigadement malgré lui dans une armée révolutionnaire et son implication candide dans une guerre civile naissante. Aux Etats-Unis aux côtés de la jeune Américaine on cherche à élucider l’énigme que constitue cet Africain exilé. Quel lien est-il entre les deux histoires, entre les deux personnages masculins ? Dinaw Mengestu nous laisse deviner ce que l’on pourra. Et nous invite à méditer le sens de la liberté, ou la possibilité minime pour un destin individuel de se réaliser dans cette quête que l’on nommera la liberté d’être et de devenir ce à quoi l’on aspirait.
L’écriture est simple. Les émotions tendres et discrètes. L’ensemble du récit est tracé par un crayon humble qui n’apporte pas de réponses mais pose des questions apparaissant dans les ombrés et les dilués…
Dinaw Mengestu est un écrivain Éthiopien Américain reconnu aux États-Unis. Il a remporté de nombreux prix littéraires outre-atlantique ; il était dans la dernière sélection du prix Femina étranger en 2007 pour une précédente publication.
TOUS NOS NOMS
(All Our Names)
Dinaw Mengestu
Traduit de l’anglais par Michèle Albaret-Maatsch
Éditions Albin Michel, 2015