Ce livre a beaucoup fait parler de lui ces dernières semaines, certains critiques ayant même estimé que c’était un des plus beaux romans de la rentrée littéraire. Après l’avoir vu entrer dans les sélections des prix littéraires prestigieux ces mêmes critiques l’ont dénigré ! Ça en dit long sur la théorie du buzz. Mais que penser du livre si on ne l’a pas lu ? S’y plonger ma foi ! Et constater que c’est un livre qui nous tient en apnée trois cent pages durant. Car il est question d’eau ici, d’eau sale, d’eau stagnante, d’eau pesante et trouble. Et cette eau usée nous apprend à flotter les yeux fermer. On se laisse porter sans se poser de questions, en attendant qu’une réponse veuille bien venir nous cueillir dans notre errance…
Benjamin est le narrateur du livre. Il nous raconte la disparation de sa soeur Summer, dix bonnes années avant le temps de la narration. Un beau matin, il arrive au bureau, voit que les murs ont été repeints et cette blancheur, cette odeur toxique lui donne la nausée. Le voilà happé par une lourde dépression. Il entreprend une thérapie et cherche enfin à dénouer cette histoire ancienne dont personne ne parle plus, dont tous ont évité de parler ce long temps. Il s’attelle à la tâche de faire remonter ses souvenirs à la surface de sa mémoire. Le décor du livre est la Suisse, univers propret et ordonné. Ses parents, à l’image de ce décor, sont beaux, riches, séduisants et prospères. D’où vient donc cette sensation d’être englué dans des marécages ?!
Si ça ne tenait qu’à moi je reprendrai ce long roman de trois cent pages pour en faire une nouvelle de cent vingt pages bien ficelée, taillée de rebondissements et surprises, avec une belle finale en chute férocement libre. Mais j’aurais bien tort. Parce que l’intérêt du livre est dans son flottement, infini et exagéré. Ce récit est flottant, fait de vapeur et d’effluves, de lisse et de visqueux. La terre est meuble, la vérité fluide, l’illusion sonore. En cela Monica Sabolo tient bien son fil. Et c’est un exploit. Car la vérité finira par éclater en toute fin du récit. Et elle ne nous intéressera même pas !
SUMMER
Monica Sabolo
Ed. JC Lattès, 2017
La photographie présentée est l’oeuvre de Sebastiao Salgado.