Jumpa Lahiri avait obtenu le prestigieux prix littéraire américain Pulitzer en 2000 pour son recueil de nouvelles « L’interprète des maladies » publié après le grand succès de son premier roman « Un nom pour un autre ». Ses récits sont toujours très intimistes et brossent des tableaux émouvants de la vie de familles indiennes exilées, et de l’évolution des générations suivantes, nées dans un pays d’accueil.
J’ai été très touchée par ce dernier recueil de nouvelles qui reprend les thèmes favoris de l’auteur avec une lucidité et une aisance redoublées. Dans chacun des récits l’écrivaine nous invite à nous approcher à pas feutrés d’une situation anecdotique au prime abord, d’un moment de vie d’une famille, d’un couple, d’une communauté ; nous nous laissons charmer puis soudainement le voile est levé sur des douleurs poignantes, des déceptions profondes et blessures anciennes… Délicatement le voile retombe et la vie continue avec son lot d’amour et de tendresse malgré tout… Les nouvelles de ce livre nous plongent ainsi dans un même zoom avant pour s’en éloigner progressivement, dans un paisible zoom arrière. Accablant de vérité sur le tragique routinier de la vie, la plume de l’écrivaine distille l’amer, l’acerbe et le poignant dans un velours de toute beauté… « The Lowland », le dernier livre de Jumpa Lahiri est finaliste du Man Booker Prize 2013.
Notons qu’après son succès international et hors du commun en tant qu’écrivaine elle est partie vivre en Italie pour apprendre cette langue. Aujourd’hui elle est traductrice littéraire, notamment des romans de Domenico Starnone !
Sur une terre étrangère
(Unaccostumed Earth)
Jumpa Lahiri
Éd. Robert Laffont, 2010 (v.o. 2008)
Traduit de l’anglais par Bernard Cohen