Comme un présage !
La semaine dernière je suis allée au cinéma pour voir le tout dernier Miyazaki... qui est en réalité son tout premier film ! Sorti sur les écrans en 1979, il s'agissait au départ d'une commande. Adaptation d'une œuvre de Monkey Punch, Le Château de Cagliostro est à mi-chemin entre un Arsène Lupin plein d'humour et un conte pour univers fantastiques et ninjas acrobatiques. Restauré désormais en format numérique il sort en salle de nouveau aujourd'hui, en 2019. J'ai aimé ce film animé pour différentes raisons, dont le fait que la salle vibrait d'enthousiasme grâce au Festival Voir Ensemble au sein duquel il était programmé.
L'histoire racontée est à priori simple, même si elle s'étoffe au fur et à mesure de l'avancement du film et nous offre bien des surprises et rebondissements. Deux charmants bandits voleurs viennent de braquer une banque, or ils se rendent compte que les billets volés sont des faux. Ils décident d'enquêter sur les faussaires à l'origine de l'arnaque, et se rendent au Château de Cagliostro qui renferme bien des secrets, et séquestre une princesse un peu singulière. Le détective qui de son côté les trace depuis belle lurette arrive aussi au Château. Le scénario à tiroirs nous permettra de comprendre pourquoi le comte de Cagliostro séquestre la belle, ce qui se cache dans les sous-sols du château, et ce qui a motivé notre bandit voleur invincible à venir en ces lieux...
La salle était en émoi pendant le film, et les rires des tout petits, leurs commentaires, la grâce de leurs mots sonores répétant les répliques clé m'ont fait rire plus d'une fois. Les spectateurs enjolivaient le dessin animé ! Car on retrouve dans ce film animé les traces des dessins d'origine, et de ce que nous allions voir au cinéma il y a trente ans. Mais l'on décèle bien malgré tout la marque de fabrique de Miyazaki. Les personnages énigmatiques que nous retrouverons dans Le Voyage de Chihiro ou dans Le Château Ambulant sont déjà présents ici : ces êtres qui sont différents, en marge, et pourtant si ancrés, si utiles à l'humanité. La nature dans sa beauté pure et scintillante, la mécanique et plus précisément le rapport de l'homme à la machine, tout cela est également dans ce dessin si joliment animé et restauré. Miyazaki est déjà gagné par son désir d'abandonner la narration traditionnelle, d'explorer les transformations d'une humanité qu'il chérit mais sur laquelle il n'est que trop lucide. Hayao Miyazaki nous fait rêver et nous invite à nous écarter des sentiers battus tout en dénonçant la société des hommes et ses travers...
Voilà. Les images sont belles, la musique est belle, les personnages sont attachants. Et les couloirs, sous-sols, toits, escapades sur l'eau et plongeons sous l'eau nous surprendront avec leurs trésors et leurs dangers. La garde particulière du comte très aguerrie aux arts martiaux et experte en déplacements façon yakuza m'a bien amusée. Il y a trente ans ces figures n'avaient pas encore été mille fois vues, le gentleman cambrioleur non plus, peut-être, mais ils restent universels et intemporels : on ne s'en lasse pas.
Alors ma recommandation sera toute particulière pour une fois. Allez voir ce film, et si possible allez-y avec des petits, ou à une séance où il y aura plein d'enfants en bas âges. Vous vous régalerez plus encore que si vous étiez simplement entre adultes. Et je recommande à tous ceux qui sont à Grenoble ou dans ses environs de se rendre chaque année au Festival Voir Ensemble qui a offert une saveur particulière pour moi à ce film. Vous pourrez cliquer ici pour lire l'article qui y est consacré.
LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO
D'après l'oeuvre de Monkey Punch
Scénario : Haruya Yamazaki , Hayao Miyazaki
Concepteur graphique : Hayao Miyazaki
Directeur artistique : Shichirô Kobayashi
Chef monteur : Mitsutoshi Tsurubuchi
Compositeur : Yuji Ono
Directeur de la photographie : Hirokata Takahashi
Casting : Yasuo Yamada, Eiko Masuyama, Kiyoshi Kobayashi, Makiyo Inoue, Gorô Naya, Sumi Shimamoto, Taro Ishida, Kôhei Miyauchi
Date de sortie France : février 2019 (sortie initiale 1979)
Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.