J’ai enfin pu visiter cette exposition hier. J’en suis sortie enchantée, parce qu’encore une fois j’ai pu vérifier à quel point on ne peut comprendre une oeuvre, la ressentir, la laisser se révéler à nous si l’on ne se trouve pas physiquement en sa présence… Sur photo une oeuvre se montre, sur place une oeuvre se donne et nous enrichit de sensations, d’émotions et de vie (perdue ou retrouvée !!)
J’avoue qu’au départ, sur les photos, je ne comprenais pas ces pièces, « mais pourquoi si lisses ? », me demandai-je constamment. En leur présence j’ai vu les courbes et les reflets. Car oui, c’est noir, mais c’est surtout une surface où tout se reflète, plus belle qu’un miroir puisque la lumière « se pose » dedans et s’impose dessus.
Mais il y a eu ce moment où je regardais les pattes du grand singe et j’ai eu l’étrange sensation que la sculpture était d’eau. La matière coulait tout comme le long des courbes. J’avais le sentiment de voir cette patte fondre progressivement, disparaître, ne plus être. Et c’est à ce moment-là que j’ai compris le « lisse ». Ce n’est pas lisse, c’est fluide. Aussi imposantes que puissent paraître ces bêtes, comme l’eau qui coule et que l’on ne peut retenir, elles sont fragiles. Un instant elles sont là ; l’instant d’après elles ne seront plus…
Éprouver une sensation inconnue face à une oeuvre est un grand cadeau. Merci à l’artiste Cyril Maccioni.
Voici quelques mots sur les matériaux utilisés (fibre de verre, fibre de carbone, résine à haute résistance mécanique, et autres matériaux de pointe), tirés du catalogue :
L’artiste a fait le choix d’opter pour une technique alliant la méthode de sculpture la plus ancienne qui soit, à savoir la taille directe (ici dans un bloc de polyuréthane et non dans la pierre, mais toujours entièrement opérée à la main) et les matériaux les plus modernes afin de procéder au recouvrement de cette matière brute initiale qui se veut très légère, dans le but d’apporter un compromis de légèreté et de pérennité à ses oeuvres. L’oeuvre terminée est donc pleine contrairement à une sculpture de coulée réalisée dans un moule, et n’existe qu’en un seul exemplaire.
L’exposition a lieu au Bastion de France dans la vieille ville de Porto-Vecchio, jusqu’en septembre 2017. Horaires d’ouverture 10h30-13h30 et 17h-22h.
Notons qu’à partir d’avril 2018 il est exposé à Paris, place des Vosges, à la Galerie du Marais parmi la collection permanente.
N’hésitez pas à visiter le site internet de l’artiste et celui de la galerie parisienne.