Club de Lecture du 22 avril 2017

David Schluss ChorusLe dernier Club de Lecture commence à dater maintenant (le prochain ayant lieu dans une petite semaine) et ce n’est qu’aujourd’hui que je vous envoie le tracé de son déroulement.. Ce n’est pas faute d’avoir partagé un merveilleux moment en votre compagnie pourtant ! Mais certains d’entre vous le savent, mes changements de vie récents et le projet exigeant qui m’occupe ont eu raison de mon temps et de ma disponibilité d’esprit…

Alors, que furent les saveurs et contenus de notre dernière réunion ?! Nous étions en plus petit comité pour une fois et cela a eu son charme. Celles d’entre nous qui n’étaient pas venues avec un livre à présenter ont eu l’occasion de nous faire part de belles lectures, en lien avec les livres qui étaient présentés. Angelo BonelloEt surtout, contre toute attente, le Club de Lecture s’est transformé en une chose nouvelle : une revue de films s’est insérée dans notre discussion. Car oui, si les livres imprègnent notre imaginaire, ce dernier peut les entrelacer avec l’atmosphère de beaux films que nous avons vus, qui nous ont touchés et marqués tout aussi profondément !

Lunchbox

Dès mes premiers mots, alors que je parlais de mon amour pour la littérature asiatique et sa force d’évocation qui parfois, et de façon très exceptionnelle, peut être mieux rendue par un réalisateur (tel que Martin Scorsese a pu le faire avec son film Silence adapté du livre de Shûsako Endô), Marie-Jeanne nous a emporté dans l’univers indien avec le magnifique film « Lunchbox » que j’ai eu la chance de voir depuis… Eh oui, Lunchbox se déroule en Inde, a été réalisé par un cinéaste indien avec un casting indien mais il parvient à nous transpercer avec cette même finesse caractéristique de la littérature japonaise ! C’est assurément un film que je vous recommande !

Venus endormie GiorgioneMalgré tout nous avons repris le fil d’un Club de Lecture classique et je vous ai parlé alors du dernier livre de Graham Swift, « le dimanche des mères ».  Ce livre qui est bref comme une nouvelle et que je rangeai dans la catégorie « Novella » plutôt que celle de « Roman », raconte en moins de 150 pages l’époque victorienne anglaise balayée par le monde contemporain. Monique, à ce moment-là, a attiré notre attention sur le fait que les quatrièmes de couvertures et descriptifs succincts d’un livre pouvaient nous induire en erreur sur le message qu’il porte et son style. Car oui, elle avait eu connaissance de cette publication récente, mais d’après la présentation du livre qu’elle avait eue elle ne se serait certainement pas plongée dedans. Et pourtant, en entendant le livre présenté par la bouche d’une lectrice, elle l’a perçu autrement, avec toutes ses nuances, toutes ses couleurs…

J’ai eu le grand plaisir de parler ensuite du récit, publié tout récemment en français, de Hisham Matar. « La Terre qui les sépare » selon son titre traduit français, « Le Retour ; les pères, les fils et la terre qui les sépare » selon son titre original.La terre qui les sépare Hisham Matar Quel merveilleux et terrible récit ! L’auteur nous raconte la Libye, pays de naissance de ses parents. Il nous raconte comme son père a été porté disparu, en réalité kidnappé par les autorités égyptiennes qui l’ont livré au régime de Khadaffi, et a été incarcéré dans la plus effroyable des prisons… pour n’en sortir jamais. Mais il n’a jamais été déclaré mort. Et notre narrateur de dire la difficulté de vivre avec un père absent, ni vivant, ni officiellement mort. La beauté de ce livre réside dans la mélancolie prodigieuse et l’excellence littéraire de l’écrivain qui y prodigue une douceur miraculeuse. La force de ce livre est dans sa capacité de nous transmettre un siècle de l’Histoire de ce pays, méconnu.
Naturellement nous avons divagué ! Nous en sommes venues notamment à parler de l’Italie et de son histoire coloniale. Et allez savoir pourquoi nous avons atterri au Liban ! Annie nous parla de Wajdi Mouawad, actuellement Directeur du Théâtre de la Colline à Paris, dramaturge et écrivain remarquable, d’origine libanaise. Il ne nous en a pas fallu davantage pour balayer l’univers de la littérature libanaise qui renferme ô combien d’écrivains talentueux. CaramelVous en trouverez une brève liste en bas de page.  Mais nous ne pouvions nous arrêter là, sans parcourir l’Histoire complexe et mystérieuse de ce petit pays au carrefour des civilisations. Véronique nous a conseillé de lire « Les secrets de la guerre du Liban » d’Alain Ménargues, ancien directeur de l’information de Rfi et journaliste correspondant à Beyrouth et au Caire de 1982 à 1995. Perdre la mémoire du passé (de la guerre civile) a été un accord tacite et la base sine qua non pour permettre à ce pays de continuer de vivre, nous explique-t-il dans son livre. Mais surtout, Véronique nous a parlé d’un film, que je vous recommande : « Caramel ». Si délicieux, si simple et humain, mais bien-sûr, libanais ! Nadine Labaki est le réalisateur par ailleurs de « Et maintenant, où vas-tu ? », film plus connu, et qui a rencontré un succès international plus spectaculaire. Mais notre coeur penchait tout de même vers « Caramel »…

Avec Florence et sa présentation du livre de Philippe Claudel, « La petite fille de Monsieur Linh » nous sommes revenues à une douceur plus tranquille. Raconté sous la plume de cet écrivain à l’approche tendre, Philippe Claudel, dans une histoire humaine universelle, narre le désarroi causé par l’exil à ce vieux monsieur vietnamien marqué par son passé tragique.

Sukkwan IslandPour finir Marie-Jeanne nous a présenté le dernier livre de Claude Sarraute, « Encore un instant » où la journaliste raconte avec humour et légèreté, le poids de la vieillesse mais aussi la vie qu’elle contient. En effet, à aucun moment le livre n’est triste, il serait plutôt porteur d’un élan vital. Marie-Jeanne a également évoqué les livres de l’écrivain David Vann, écrivain très loué par les lecteurs anglophones.

Voici pour notre dernier Club de Lecture. Ce sera un plaisir de vous retrouver samedi prochaine !

Vous pouvez cliquer sur les titres de ces livres pour lire les articles  de Kimamori qui en parlent :
– Le dimanche des mères, de Graham Swift,
– La terre qui les sépare, de Hisham Matar,
– La petite fille de Monsieur Linh, de Philippe Claudel (rédigé par Florence).

Exceptionnellement j’ai écrit aussi un article sur le film « Lunchbox », vous pouvez cliquer ici pour le consulter.

Et voici quelques livres d’auteurs libanais dont nous avons parlés et sur lesquels j’avais eu l’occasion d’écrire dans les pages de mon blog au moment où je les avais lus :
– Le laboureur des eaux de Hoda Barakat,
– Visage retrouvé de Wajdi Mouawad,
– Kamal Jann de Dominique Edde,
– Le coffre des secrets d’Elias Khoury.
Nous avons également évoqué « La porte du soleil » d’Elias Khoury, « Le quatrième mur » de Sorj Chalandon ainsi que les pièces de théâtre de Wajdi Mouawad.

Les oeuvres d’art présentées dans cet article (en dehors des couvertures de livres et affiches de films) sont de :
– David Sclluss,
– Angelo Bonello,
– Giorgione.

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