Un jour, alors que je flânais dans une librairie parisienne, je découvre qu’une rencontre est prévue avec Jean-Michel Maulpoix. Il allait nous lire quelques extraits de son tout dernier roman publié à l’époque, Pas sur la neige. Je me suis assise, je l’ai écouté. Je me suis laissée transporter par les réponses sincères et étonnantes qu’il offrait aux questions du public. …
Petits poèmes pour y aller, par Anne Herbauts et Carl Norac
« Et ça mène où, pour finir, la poésie ? Nulle part, Monsieur, nulle part mais au bout du monde. »Vous cherchiez un recueil de poésie à partager avec votre entourage de tous âges ? Ne cherchez plus, le voici. Que vous soyez parents, enseignants, animateurs culturels … votre bonheur réside en ces pages. Illustrations délicieuses au palais, poèmes de grande …
Je suis Personne, Emily Dickinson
Voici un de mes poèmes préférés… Je suis Personne ; et vous ? Êtes-vous Personne aussi ? Dans ce cas, nous faisons la paire ! Chut ! On pourrait nous trahir – qui sait ! Être Quelqu’un, que c’est morne ! Que c’est commun de coasser son nom Tout au long de juin Au marais béat ! Emily Dickinson (1830-1886) …
« Où est l’oeil de la terre… »
La parfaite douceur est figurée au loin à la limite entre les montagnes et l’air : distance, longue étincelle qui déchire, qui affine Tout un jour les humbles voix d’invisibles oiseaux l’heure frappée dans l’herbe sur une feuille d’or le ciel à mesure plus grand Les chèvres dans l’herbage sont une libation de lait Où est l’œil de la terre …
Non, mais je rêve!
Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m’enivre ardemment des senteurs confondues De l’huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu’à mon désir tu ne …
La Liberté
Elle est venue par cette ligne blanche pouvant tout aussi bien signifier l’issue de l’aube que le bougeoir du crépuscule. Elle passa les grèves machinales; Elle passa les cimes éventrées. Prenaient fin la renonciation à visage de lâche, la sainteté du mensonge , l’alcool du bourreau. Son verbe ne fut pas un aveugle bélier mais la toile où s’inscrivit mon …
La saison de l’essentiel
Tant d’années, et vraiment si maigre savoir, cœur si défaillant? Pas la plus fruste obole dont payer le passeur, s’il approche? – J’ai fait provision d’herbe et d’eau rapide, je me suis gardé léger pour que la barque enfonce moins Philippe Jaccottet « On voit » J’aimerais bien connaître le nom de l’artiste photographe qui nous a légué l’image ci-dessus, si …
Le matin des étrennes, Arthur Rimbaud
En cette période de fin d’année, voici un poème de saison !Ah ! quel beau matin que ce matin des étrennes ! Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes Dans quelque songe étrange où l’on voyait joujoux, Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux, Tourbillonner, danser une danse sonore, Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore ! On s’éveillait matin, …
La rêverie
Pour faire une prairie, prenez un trèfle et une abeille Un seul trèfle, une seule abeille. Et de la rêverie. Mais la rêverie seule suffira, Si les abeilles se font rares. Emily Dickinson Jean Tinguely Poème traduit en français par Yassi Nasseri. Le voici dans sa version originale : To make a prairie it takes a clover and one bee, …
« Il ennoblit le sort des choses les plus viles »
Baudelaire nous a dit… « Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes, Il ennoblit le sort des choses les plus viles, » Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures Les persiennes, abri des secrètes luxures, Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés, Je vais m’exercer …
Haïkus de Carole Spanu
« Les yeux dans le vague La conscience du temps qui passe Et ma feuille qui reste blanche ! »« Thé brûlant posé là Encens et cigarette se consument Volutes de mes soirées détente »Ces haïkus ont été écrits dans le cadre de l’atelier d’écriture destiné aux adultes qu’anime Kimamori à Ajaccio (médiathèque Jardins de l’Empereur). Ils sont nés de la main (et …
Prendre le temps de vivre !
Comme se lovent les montagnes ainsi serpentent les ruisseaux, Les eaux, les monts c’est bien joli, si l’on est libre de flâner ! Mais quand le voyageur pressé talonne un soleil en déclin, Corbeau, ce n’est point ton affaire de le bousculer davantage ! Poème de Yang Wanli Image provenant de l’Atelier de peinture Les Couleurs de Nath
Le petit caillou
Heureux le petit caillou Vagabondant seul sur la route Sans se soucier des carrières Ni craindre les exigences. Son habit brun élémentaire, L’univers l’emprunte au passage. Indépendant, tel le soleil, il luit sociable, ou solitaire Et remplit le décret divin En toute simplicité. Emily Dickinson, traduit de l’anglais par Christian Bobin Peinture Pierre Soulages *** ** *** Et voici les …
« Je trouve à boire et à manger en moi »
Il n’y a pas de suite dans mes idées Quand j’ai fini la cathédrale je compose la symphonie Ensuite j’apprends et je torture J’envoie les régiments et je conçois le pont En chinois j’écris aussi et j’assèche le marais Puis je danse le tango, je rassemble la flotte Je peins la pomme de mille façons mais si souvent que je …
Une carte postale d’Islande, Seamus Heaney
Plongeant pour sentir l’eau la main dans le courant A quelques pas d’une source chaude, je n’entendis Que la nappe de boue chuchotant et bouillant. Alors derrière moi le guide me disant : « Lukewarm. Et il faut que vous sachiez Que Luk est un vieux mot islandais pour main. Et il faut que tu saches (mais tu le sais déjà) …
Je te l’ai dit
Je te l’ai dit pour les nuages Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles Pour les cailloux du bruit Pour les mains familières Pour l’oeil qui devient visage ou paysage Et le sommeil qui rend le ciel de sa couleur Pour toute la nuit bue Pour la grille des …
« Les compagnons dans le jardin », René Char et Zao Wou-Ki
J’ai eu la chance de voir les tableaux de Zao Wou-Ki, un jour, exposés dans un musée. Ce n’était pas une très grande exposition, et certes pas une rétrospective globale de son œuvre. Mais c’était amplement suffisant pour que je sois touchée par sa peinture. J’aurais pu passer des journées entières assise devant chacun des tableaux exposés. J’ai passé un …
« Nul besoin d’acheter la montagne »
Qui se repose au sein des nuées blanches N’a nul besoin d’acheter la montagne. Le val est-il pentu, prends un bâton, La montée rude, agrippe les lianes. Les pins resteront verts au fond des gorges, Au bord des eaux se marbreront les roches. Les liens brisés, tu n’auras plus d’amis, Mais au printemps le concert des oiseaux. Han Shan La …
La pomme de terre, de Francis Ponge lu par Sylvie Duchêne
Vous aviez écouté Sylvie Duchêne nous lire un poème d’Arthur Rimbaud (Au Cabaret Vert). Et vous allez vous réjouir de l’entendre de nouveau. Mais cette fois c’est une autre forme de poésie qui s’offre à nous….Francis Ponge, nous connaissons ses écrits. Et nous sommes plus d’un à avoir un goût pour ses mots savamment composés. Aujourd’hui, écoutons la parole de …