Que dire du silence?

Neige est Silence, d’une certaine manière ; et il est des raisons scientifiques à cela. Ceux qui reçoivent mes messages par Twitter ont lu peut-être l’article qui expliquait techniquement le silence produit par temps de neige.

Le silence nous garde de nous laisser distraire par les bruits parasites. Le silence invite au recueillement. Le silence est un rendez-vous que l’on prend avec soi-même, le temps de balayer les feuilles d’automne, tombées d’elles-mêmes, qui n’ont plus lieu de charger notre esprit.

Mais oui, l’hiver arrive. Le mois de novembre, avec son élasticité caractéristique, nous a permis de clôturer les sujets et questionnements de l’année écoulée qui ne sont pas fondamentaux. Et l’on est ainsi préparé pour recevoir la saison de l’Essentiel. Le superflu va se taire et la conscience s’éveillera à elle-même portée par les mois de l’obscurité, baignée éventuellement dans la blancheur d’une neige immaculée…

C’est un cadeau pour l’homme de pouvoir se plonger un temps dans le confort de nuits longues et de feux de cheminée incandescents, de faire aussi le bilan des mois précédents, chargés d’activité et parfois d’adversité voire de chamboulements minimes ou intenses. Le foisonnement du printemps est loin derrière. On oublierait presque pendant les saisons de la nuit que le printanier, embusqué au tournant, va ressurgir de plus belle, nous propulsant vers de nouvelles aventures.

Certaines années calendaires débutent en février ou en mars. C’est le cas par exemple de l’année chinoise ou de l’année iranienne et cela a un sens après tout. La poésie de la vie s’écrit selon son cycle propre. Avec un peu de sincérité l’homme peut résonner sur cette poésie et épouser harmonieusement son destin.

C’est cela que j’ai lu dans mes livres ce mois-ci. J’ai peu lu. J’ai lu lentement. Et j’ai pris plaisir à embrasser les contrastes et les inattendus qui m’étaient contés. J’ai eu cette chance inouïe de tomber sur des livres où l’auteur a le don de l’humour, a la grâce de la vitalité, fait preuve de sérénité, de profondeur et de fantaisie pour dire les paradoxes de la vie sans perturber son lecteur. Offrir une part d’éveil sans déranger, interloquer sans déstabiliser, ce n’est pas peu et j’aime les écrivains qui savent faire cela…

Un moine zen se plaignit un jour du grand froid qu’il faisait. Le maître de lui répondre :

« Pourquoi n’allez-vous pas là où il ne fait ni chaud ni froid ? »

Bien entendu de nos jours tous requièrent ce lieu où il ne fait ni chaud ni froid et prennent mille précautions afin que ce tempéré confortable leur soit garanti. Je ne suis pas certaine que cela eusse été le sens de cette parole émise par le maître zen en question !…

Savourons donc le froid aujourd’hui, et délectons-nous demain du redoux puis du chaud qui voudra bien venir nous faire oublier la rudesse de l’hiver.

Je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année.

Et espère vous revoir chez Kimamori en 2014. 

J’ai pris ces photos de neige aux États-Unis dans le Connecticut et à Westchester. Le sapin de Noël illuminé n’est autre que celui de Rockefeller center à Manhattan, fraichement décoré pour les festivités 2013…

Et voici donc, les livres qui m’ont inspirée ce mois-ci :

• Amour et Obstacles d’Aleksander Hemon
• Comme les amours de Javier Marías (Prix Médicis étranger 2013)
• Paprika de Yasutaka Tsutsui
• Faillir être flingué de Céline Minard
• Canada de Richard Ford (Prix Femina étranger 2013)
• Burial rites de Hannah Kent
• La saison de l’ombre de Léonora Miano (Prix Femina 2013)