C’est un livre très dense et malgré sa brièveté on peut passer un long temps en sa compagnie. Pour ma part, j’ai dû le lire deux ou trois fois au moment où je l’ai découvert, et je le relis régulièrement, tous les deux ou trois ans. Chaque relecture me donne le sentiment d’avoir lu un nouveau livre tant j’y trouve de nouvelles saveurs, de nouvelles informations. Voilà qui ressemble bien à l’essence du thé !
Et ce livre, plus que tout autre, s’est intéressé de près à la quintessence de cette boisson céleste… Il retrace l’histoire d’un maître de thé japonais qui vécut au XVIème siècle et qui sut instaurer les concepts de la cérémonie de thé japonaise telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui encore. Mais il s’agit bien d’une fiction et Yasushi Inoue nous livre son interprétation personnelle du destin particulier de Sen no Rikyū, bras droit du grand seigneur féodal, le Taiko Hideyoshi. Le narrateur est un disciple de Rikyū. Il retrace ses années d’homme de thé retiré suite à la mort de son maître et ses rencontres avec les autres amateurs de thé de son époque, pour la plupart des samouraïs guerriers. Ensemble ils cherchent à percer l’énigme de la mort du maître de thé, la raison pour laquelle Hideyoshi lui aurait ordonné de se donner la mort par seppuku. Tel l’arbre en hiver, dénudé et ramené à son essentiel, le récit s’attache à coller au plus près tant du personnage de ce Rikyū rendu mythique que des principes de la Voie du thé. Parmi ceux-là on lira que « Dans la maison il suffit de ne pas laisser l’eau s’infiltrer ; dans la vie, simplement de ne pas mourir de faim. »
En 2008 l’écrivain japon Kenichi Yamamoto a publié le roman « Le secret du maître de thé« . À son tour il nous livre une interprétation personnelle, très différente de celle de Yasushi Inoue, de la vie de Sen no Rikyū.
LE MAÎTRE DE THÉ
Yasushi Inoue
première édition 1995 (v.0. 1991)
Traduit du japonais par Tadahiro Oku et Anna Guerineau