C’est toujours un bonheur de lire les premiers romans qui sont de grandes réussites. Celui-ci, d’Amanda Coplin a été très acclamé à sa sortie, et en effet la profondeur et la quiétude de sa plume sont surprenantes pour une autrice jeune. Eh oui, si l’on voulait comparer ce roman à une musique, on pourrait imaginer un quartet de violon et de violoncelle ! Le décor, lui, est celui d’un verger, plus précisément d’une pommeraie. Nous sommes au tout début du vingtième siècle sur la côte ouest des Etas-Unis. Talmadge est le propriétaire de la pommeraie et il nous accompagnera tout le long du récit. On s’attache à cet homme et on l’admire pour sa constance dans l’amour et dans la protection qu’il sait prodiguer.
Deux jeunes filles font leur apparition dans le village avoisinant. Toutes deux sont enceintes et vraisemblablement vagabondes, voire en fuite. Elles volent le propriétaire de la pommeraie pour se nourrir et notre sage et saint homme décidera de ne pas les dénoncer, et de se laisser voler durablement pour apprivoiser les fugueuses qu’il finira par accueillir chez lui. Très vite il deviendra leur protecteur. Or un passé lourd accable ces deux sœurs et telle l’épée de Damoclès les poursuit.
Le livre est lent. Il est calme. Il est paisible et responsable. Il est très joliment écrit. Il est porté par le souffle de la nature. Telle une rivière tranquille le récit coule, de cette fluidité qui habituellement est propre aux tracés des grands écrivains. Et tout ce temps le fil d’une histoire se déroule pour aboutir à un dénouement où le rythme subitement s’accélère et vire au drame.
Si l’on a plaisir à côtoyer des personnages, paysages et dilemmes de romans façon Steinbeck, on ne sera pas déçu ici.
L’HOMME DU VERGER
(The Orchardist)
Amanda Coplin
Traduit de l’anglais par Laurence Kiefé
éd. Christian Bourgois, 2014 (v.o. 2012)
Sélection « 5 under 35 » du National Book Award 2013
Lauréat du Barnes & Noble Discover Great New Writers 2012