Écrivain britannique largement traduit en français Julian Barnes a remporté le prestigieux prix littéraire Man Booker 2011 avec ce titre. Et s’il ne tenait à moi, je lui aurais remis tous les prix littéraires de l’année pour cet écrit terriblement excellent !
Voyons, que pourrais-je dire de ce livre ? Sommes-nous confrontés au récit d’une vie ? S’agit-il d’une anecdote naïvement brossée, qui par effet de ricochet inversé dans le temps aura le don de transformer le regard que le narrateur portait sur sa vie et sur lui-même ? Ne serait-ce surtout un nouveau Portrait de Dorian Gray où l’on commence par rencontrer et examiner le personnage peint sur le tableau avant de se trouver subitement face au réel authentique défiguré personnage du tableau égaré, enfoui dans l’antre du grenier, oublié de longue date jusque par son modèle ?… Eh oui, le narrateur nous fait le récit de
sa vie, notamment d’une relation amoureuse qui remonte à une quarantaine d’années. Il nous parle de ses amis d’enfance, de leur devenir, puis de son mariage de son divorce et de la suite, le tout d’une voix sobre, détachée et rationnelle. Puis il reçoit un acte notarial lié au décès de la mère d’une ancienne petite amie, et étant donné la persévérance impromptue et infatigable de notre homme, cet ancien fil de sa vie pourra se dérouler de nouveau.
La remontée à la surface du passé et de la mémoire perdue qui s’y rattache se fera graduellement. Le thème du temps savamment travaillé, laissera l’écrit se clore par une illustration magistrale du remords et de sa définition : cette chose qui n’est ni tristesse, ni désolation mais prise de conscience de l’aspect irréversible d’une chaîne d’événements tragiques à jamais scellés au destin de celui qui s’éveille à sa part initiale de responsabilité dans cette boucle infernale… J’aime autant vous dire que le titre français, grotesque, ne correspond nullement à l’atmosphère du livre.
Dans un style différent mais centré sur les mêmes thèmes je vous recommande l’excellent roman de John Banville, autre lauréat Man Booker.
UNE FILLE, QUI DANSE
(The Sense of an Ending)
Julian Barnes
Ed. Mercure de France, 2013 (v.o. 2011)
Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin
Lauréat Man Booker Prize 2011