On connaît de Sylvain Tesson ses traversées du désert, des steppes d’Asie, son ascension de l’Himalaya, son tour du monde en bicyclette… Qui eût cru qu’il ressentirait l’appel de la vie d’ermite, dans une cabane aux fins fonds de la Sibérie ?! Six mois durant notre homme vécut une vie solitaire pourtant, entouré de ses livres, ayant pour seules activités de couper du bois et de pêcher l’omble. Que de litres de thé ne but-il pas, et que de bouteilles de vodka ne vida-t-il pas en compagnie de ses amis de passage, et visiteurs surprise?! Tout ce temps il tint son journal qu’il nous offre ici. Il partage avec nous ses réflexions et son quotidien, ses traversées du lac glacé, son amitié avec deux chiens sibériens, ses rencontres avec les ours, le printemps revenu. Il partage avec nous l’esprit russe, et surtout nous intègre dans sa routine fascinante. Le livre n’est pas très écrit, les phrases ressemblent à des notes prises ici, sans verbe, là sans objet. L’auteur s’ingénue aussi à cumuler parfois des formules qu’il aura dénichées dans son cerveau de solitaire sibérien. Et puis il ressasse de sempiternels débats très au goût du jour. Je fus pourtant happée par le récit dès les premières pages tant je me sentis parachutée aux côtés de notre écrivain voyageur, dans cette cabane de bois, au sein de cette vie réduite à l’essentiel. Et cet essentiel il en parle fort bien ses phrases sont concentrées à l’extrême comme seuls les alpinistes savent les construire et les employer.
DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE
Sylvain Tesson
Éd. Gallimard, 2011
Prix Médicis essai 2011
Les éditions Rizzoli Ex Libris ont publié en automne 2013 la traduction anglaise de cet essai, voici la très belle couverture du livre :