OPIUM POPPY
Hubert Haddad
Ed. Zulma, 2011
Prix du Cercle de l’union Interallié 2012
Après mes lectures bien décevantes du mois dernier sur l’Afghanistan, me voilà amplement consolée par Hubert Haddad que je retrouve ici tel que je l’avais admiré dans son livre Palestine. Un écrivain à la plume poétique qui sait poser en nous avec émotion et force la connaissance d’un pays, d’une région, d’une problématique et surtout du vécu d’hommes et de femmes qui y sont confrontés au quotidien parce que nés là-bas, à ce moment-là… Le jeune Alam est l’enfant de cet Afghanistan-là : alimenté de violence et d’intolérance, élevé dans la guerre. Ce pays où se seront confrontés l’URSS et les Etats-Unis, ce pays où se confrontèrent l’argent du pétrole saoudien et celui de l’opium. Ce pays où le paysan fut sacrifié, l’enfant transformé en tueur impitoyable et la femme enfermée sous un voile de terreur. Alam l’Évanoui, est vieux à 12 ans tant il aura vécu déjà, vu et absorbé l’horreur des hommes. Et le décor où se déroulera cette jeune vie sera le village afghan, Kaboul, les champs de bataille, la France de l’exilé clandestin qui vit sous les ponts ou dans un bouge aux côtés d’autres enfants sans âge tout aussi déboussolés et désorientés. À notre grand dam l’histoire est ici crédible, la vérité qui s’y loge tant instructive que bouleversante. Un très beau travail de romancier, même si j’avoue avoir été heurtée par la brutalité avec laquelle la fin se propulse vers nous.
J’avais lu ce livre à sa sortie. Rue des Voleurs de Mathias Enard, que j’ai lu un an plus tard m’a renvoyé étrangement à ce livre, par la saveur qu’il m’aura laissé, par les vérités qu’il m’aura assénées.
Dans un style très différent vous pourrez lire les commentaires de Kimamori sur deux autres livres de Hubert Haddad : Le Peintre d’éventail et Mā.