Grand-père avait un éléphant
Vaikom Myhammad Basheer
Éd. Zulma, 2010 (v.o. 1951)
Traduit du Malayalam (Inde) par Dominique Vitalyos
Je ne sais s’il s’agit d’un conte comme semble le dire la quatrième de couverture, mais nous en serons gré à Zulma de nous faire découvrir ces textes Indiens du vingtième siècle. C’est l’histoire d’une jeune fille née dans une famille musulmane de belle lignée et dont justement le grand-père avait un éléphant, noble animal qui savait faire la différence entre le musulman et l’incroyant et qui d’après la légende transmise de père en fils aurait écrasé sous ses pattes intelligentes quatre infâmes incroyants.
Au départ de cette histoire la vie se coule doucettement et sans surprises. Notre jeune fille grandit, certaine de sa destinée et de ses responsabilités. Or il survient un grand malheur qui fera basculer sa vie. Les six tantes de notre jeune amie font un procès à leur frère et le tribunal leur octroiera toutes les fortunes paternelles qui étaient allées en héritage au seul fils, père de notre douce héroïne. Dès lors commence une nouvelle vie où cette petite famille est déchue, le père, la mère et la jeune fille devront vivre dans des conditions modestes, sans domestiques, sans gloire et sans moyens requises pour la constitution d’une dot, en vue d’un mariage digne. Cette nouvelle vie offrira une liberté insoupçonnée à notre héroïne. Progressivement elle sortira de l’ignorance où elle était tenue et rencontrera l’homme qui lui fera battre le cœur tout en la forçant à sortir des dogmes.
Critique de l’ignorance et des superstitions qui émanent de pratiques religieuses ainsi que des structures étriquées de communautés de caste où la hiérarchie sociale dicte sa loi le livre n’en demeurera pas moins touchant par la candeur de la narratrice et son ouverture à l’amour, dévastateur et plein.