Retour, ou retrouvailles ?
Nous suivons le parcours de plusieurs personnages, chacun narrateur en son chapitre. Tous sont des exilés colombiens, résidant dans un coin du monde différent et tous nous sont contemporains, leurs récits nous plongeant dans les préoccupations actuelles de notre monde, le trait un peu forci bien entendu. Et Arthur Rimbaud forme une trame principale de ce motif complexe ; son histoire est racontée par étapes, dans le détail. Au fil des chapitres le lecteur percoit le lien entre les différents personnages qui finiront par se retrouver voire se réunir autour d'un projet commun.
Ahurie au départ j'ai fini par m'amuser de l'histoire invraisemblable et malheureusement plausible de tout ce petit monde. Car il s'agit bien d'une fiction réalité comme les japonais savent si bien en créer. Le cursus du personnage principal, narrateur apparemment d'un précédent roman de l'écrivain colombien, étant calqué sur la vie de l'écrivain, nous plonge dans une confusion perplexe au prime abord. Sommes-nous dans une réalité, est-ce la vie de l'auteur, une aventure vécue par lui, des personnes qu'il a réellement côtoyées ? Auquel cas, oui, nous sommes horrifiés et effrayés, pour finir par être quelque peu rassurés en réalisant qu'il ne s'agit que d'une fiction. Mais en réalité tout cela est-il si fictif et si imaginaire que l'on voudrait le croire ?!...
Je pourrais vous dire quelques mots de la vie et des contours des différents personnages. Ils sont rocambolesques et ils vous séduiraient immédiatement. Je pourrais vous dire quelques mots du projet qui les réunira in fine et du suspens qui règne tout au long du livre. Mais j'aime mieux porter à vos yeux les deux citations qui sont mises en exergue du roman. Car l'ensemble est poétique, à leur image :
L'homme devrait travailler et s'attrister, apprendre, oublier et
retourner dans l'obscure vallée d'où il est venu pour reprendre sa tâche.
William Blake
L'abîme les avait engloutis mais leur chant se prolongeait dans l'air de la vallée, dans la brume de la vallée...
Roberto Bolaño.
Arrivée à la fin du roman, j'ai refermé le livre tout doucement, et je me suis demandé, "quel était donc le propos de l'écrivain ? ; que veut-il nous dire exactement ?" Sincèrement je n'en sais rien, et lui-même ne le sait peut-être pas. Un livre est un peu comme la vie, un divertissement, un thriller, des vérités amères, et un motif, comme les fils d'un tapis qui se noient dans une peinture d'ensemble, c'est-à-dire une époque. On peut en rire, en pleurer, s'en effarer ou je ne sais quoi d'autre encore. Pour ma part, je remercie l'écrivain car j'ai toujours été incapable de lire de la violence. Ici je l'ai lue, je m'y suis confrontée, et je n'ai pas été ébranlée. L'écrivain m'a permis de pouvoir rire du grotesque de la chose. Et l'aventure fut donc exquise et précieuse.
Les illustrations présentées dans l'article (hormis la couverture du livre et la photographie de l'écrivain) sont les œuvres de :
- Patrick Rousseau
- Zloty (street art)