Novecento, d’Alessandro Baricco au théâtre par André Dussolier

Certains d’entre vous ont peut-être eu la chance d’être à Paris en décembre 2017 ou en janvier 2018 pour assister à la pièce de théâtre mise en scène et interprétée par André Dussolier. Il avait adapté pour cette occasion un écrit d’Alessandro Baricco, Novecento : pianiste. Cette œuvre a été publiée dans sa première édition italienne en 1994 et en français par les éditions Mille et une nuits en 1997. Je peux vous dire d’emblée que c’est un de mes livres fétiches. Depuis 15 ans il me suit partout. Il a vécu à mes côtés dans les différents pays et continents où j’ai résidé. Parfois je l’ai relu. Parfois j’ai caressé ses feuilles jaunies par le temps. Et parfois je me suis amusée à apprendre par cœurs certains extraits, et « les jouer » toute seule chez moi, dans mon salon ! J’ai donc été très émue en apprenant qu’il avait été porté sur scène…

Notons qu’un film italien avait été réalisé par Giuseppe Tornatore en 1998 (sortie France 2000) pour relater l’histoire de Novecento sous le titre « La légende du pianiste sur l’océan ». J’avais vu le film et l’avais aimé. Mais l’écrit d’Alessandro Baricco reste malgré tout incontournable.

Le livre est écrit sous forme d’un monologue. Un équipier du paquebot Le Virginian, bateau croisière qui emmène les passagers européens vers « L’Amérique » relate l’histoire. C’est un très beau bateau croisière avec banquets et soirées musicales pour les fortunés passagers de première classe. Mais bien des immigrants sont aussi à ses bords en deuxième et troisième classe. Un beau jour les machinistes du bateau découvrent un bébé abandonné dans la salle des machines. Ils l’adoptent. Le nomment Novecento puisqu’il est né en 1900 et l’élèvent. Novecento, qui n’a pas de papiers d’identité grandira sur ce bateau, et par la grâce du ciel deviendra pianiste un beau jour. Il sera réputé pour être le meilleur pianiste du monde. Bien qu’il ne quitte pas l’enceinte de ce bateau, il hume « les polyphonies du monde » comme dirait Nicolas Bouvier en écoutant l’âme et les histoires des passagers. Il en compose sa musique, époustouflante, riche, envoûtante. Mais ce livre de moins de cent pages, au-delà de la jolie histoire racontée, nous dit la vie, son sens, sa perplexité. Le Virginian est un monde en soi. Et l’on peut y lire l’univers et l’humanité.

Je vous laisse écouter André Dussolier qui parle de la construction de sa pièce de théâtre, de la genèse de l’idée, de sa mise en scène et de ce que cette histoire lui a fait vivre ici, dans cette émission radio de France Culture. Mais naturellement, je vous invite aussi et surtout à lire ce récit intemporel et universel. Le livre est disponible en Folio poche mais également en livre audio chez Gallimard, lu par Jacques Gamblin.

Rappelons, s’il le fallait, que l’écrivain Alessandro Baricco est un musicien au départ. Un jour il a réalisé qu’il ne serait jamais un grand musicien ; il est devenu un grand écrivain ! Mais il dit bien qu’il écrit ses livres comme s’il composait une musique. Il va jusque choisir les mots qu’il emploie en fonction de leur musicalité dans la phrase…

NOVECENTO : PIANISTE
(Novecento. Un monologo)
Alessandro Baricco
Traduit en français par Françoise Brun
éd. Mille et une nuits, 1997 (v.o. 1994)